quand je sombre je m’accroche aux broutilles

quand je sombre je m’accroche aux broutilles chimèriques. A force de m’attacher aux détails minimes je suis devenu un détail, un ruissellement sur une vitre, le cuir déchiré d’un siège de train, deux dates qui coïncident,  une cloche au loin, une couche de poussière sur des objets désuets, un minuscule tremblement dans ta voix. Le brouillard, un chemin, la noblesse d’un visage, carrelage ancien, des ruines, de la rouille, le temps passé, une vieille chanson je m’échappe dans ce qu’ils pourraient raconter. Un attrait pour le fantomatique. J’ai été absorbée par des atmosphères insignifiantes et magiques, si difficiles à percevoir, si personnelles, les changements que la plupart des gens pressés ne peuvent voir, ni écouter, l’instant où tout pourrait basculer, si on voit de plus loin ou de plus près les choses et les personnes, les ombres, les nuages et les flaques d’eau, les grincements des marches, l’odeur du thym écrasé dans les mains. Je m’échappe dans ces microscopiques rêves. Je ne suis désormais plus que dans cet univers de songes, de bricoles, où tout ne demande qu’à être imaginé, où personne ne prend le temps de s’arrêter.