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L'abominable enfant teenage.
25 janvier 2010

ça ne vaut rien.

album6
William_Turner_Verkehr_Ship_War_Modern_Times_Romanticism
Je cherche des indices, j'apprends des visages.
Mes doigts sont noirs, j'ai eu dans les mains des centaines de photos poussièreuses, aux visages pourtant tranchants d'émotion. première et dernière fois que je fais connaissance des visages d'il y a cent ans. J'ai essayé de retracer mon histoire. Le bord cranté des photos me blesse sous les ongles et sous le coeur.On démantèle la vieille maison de la vieille dame qui a perdu la mémoire, deux frère et soeur, sa mère, son mari et un de ses fils. Je comprends maintenant, je la comprends.Comment donner quand on a tant perdu?
Ses souvenirs qu'elle n'a jamais eu coeur à partager avec nous, on met dans des sacs des robes centenaires, dans des boites des visages centenaires, dans des cartons des bouts d'assiettes brisées, tout comme leurs vies.Nous sommes entourés par la mort. Il y a un mort dans chaque ampoule de cette grande maison dont les radiateurs écaillés ne fonctionnent plus. J'ai vu dans l'ampoule dénudée de la cave, j'ai vu.Le rideau blanc est devenu gris, il est déchiré par endroits. Des marques aux murs, les marques de la vie. Avant il y avait eux. Leurs visages marqués par le deuil. C'en est trop, cette femme au regard triste je lui ressemble.J'ai refusé de jeter les lettres de 1912, les correspondances d'un temps que j'aurais aimé connaître.
A genoux sur la moquette usée je défait les sachets qu'ils sont rempli, je déplie tout,je refuse d'enterrer, je refuse de traiter le passé à la va vite.
je cherche l'odeur d'un souvenir sur un tissus, l'odeur de quelqu'un sur une robe. ça sent la lavande et le temps qui est passé. Les piles de linge blanc éclatant, repassé amidonné ont jauni dans les armoires.Cette maison a vu tant de choses, mais elle était silencieuse tandis qu'on lui arrachait les plumes. Sauf la nuit où je n'ai pas fermé l'oeil, les fantômes nous frôlent, passent dans l'escalier.
Je pense à nos photos qui se retrouveront dans les mains de descendants qui se demanderont qui nous étions, quelle était notre vie.
Et cette homme, aux airs de vautour, qui dit madame cela ne vaut rien, en scrutant les meubles.Et le dans un trouble épais que j'ai surpris dans le regard de ma famille encore vivante, la gène, le self control, j'ai pris tout ce qu'ils jetaient, je ne voulais pas qu'on efface ce grand-père inconnu, ni ces bébés morts dans leur lit, ni ce gros chien qui apparait sur tant de photos.Ils font partie de moi, je suis leur mère à tous désormais.
Je suis partie avec des sacs remplis de souvenirs que je n'ai pas eu le droit de me faire, les oreilles pleines d'anecdotes qu'on ne m'a pas racontées, profondément triste.

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