en eaux froides

Je sombre. Parait qu'il y a des gens qui se serrent dans les bras sur les quais. Parait qu'il y a de la chaleur entre les gens qui partent et ceux qui restent. Parait qu'il y a de l'amour, des visages posés contre une épaule. Je n'ai rien ressenti de tout cela en te guettant à la gare. J'avais froid, mes yeux trop maquillés et ridiculement humides balayaient toutes les têtes sauf la tienne, j'étais aussi belle que la colère me le permettait. J'étais pas claire avec moi-même, je hais ton départ et je te hais de mal m'aimer, à coup d'à peu près. Je ne sais pas pourquoi je suis venue, planquée contre un pilier, fixant la voie de ton départ. Je devais être perdue dans mon brouillard, je ne t'ai pas vu. Je n'ai même pas eu le temps de te frapper en t'embrassant, aurais-je réussi à m'imposer entre toi et le wagon, non. Plaquée contre ma douce folie de l'amour en fou en guenilles, je suis restée longtemps après que le train soit parti, de la détresse glacée collée à chaque centimètre de peau.