Je sais que je perds de ma superbe. Je sais aussi

Je sais que je perds de ma superbe. Je sais aussi que mon regard s'est durci et mes neurones ramollis. je peine à expliquer. J'appellerai mon premier fils comme toi. je lui raconterai qui tu étais pour moi, ton amour crasse, ton démenti odieux, je polirai le souvenir que j'ai de toi quand il ne blessera plus, quand j'aurai lâché prise. J'appellerai mon premier fils comme toi . j'ai pensé à ça dans la salle d'attente aux chaises couleurs criardes dégueulasses. Et ce que je suis devenue. Parfois je suspends le traitement pour voir si je suis encore là, les vestiges de la fille d'avant qui couvait ce je ne sais quoi.
Je sais que je ne ressemble à rien dans cet énième bureau où une énième personne penche légèrement la tête quand je réponds à ses questions, ça griffe son papier de notes dramatiquement banales et pose un regard compréhensif sur ma carcasse. on me demande si je mange. je m'excuse d'être ce que je suis et du matin gris, balbutie quelques  formules de politesse. Les malades utilisent les mêmes merci-au revoir  que les sains d'esprit , maintient d'un quelconque visage agréable, d'une prétendue recherche des convenances, un mensonge grossier, un chien avec un tutu.

Nous avons donc décidé de quitter la ville et la france.  comme des animaux avant le séisme nous partons, plus de raiosn de partir que de rester . j'irai planter mes doutes là-bas dans la nouvelle vie qu'on s'offre, qu'on rejoint à la nage, en se noyant trente fois. Sachez que tout ne file pas droit pour les jeunes gens de maintenant, nous recherchons juste ces années dont on dira plus tard qu'elles étaient belles.