Un homme avec son chien regarde de loin les
Un homme avec son chien regarde de loin les singes aux longs bras. Les feuilles mortes moisissantes ont fini par disparaitre des sols, les branches nues des arbres comme une nouvelle page.
Les crocus sont sortis de terre, tu les vois fleurir sur mes bras? Les couples qui ont réussi passé l'hiver viennent se chauffer le coeur et la peau sur les bancs, près de l'eau. Je ne sais pas encore si j'ai passé l'hiver, j'ai laissé des plumes, mais je suis là, à chercher le soleil parmi les vivants sortant d'une cave. La fin d'un film d'horreur c'était.
Je traverse le parc seule. J'ai annulé notre rendez-vous au parc. J'avais besoin d'être seule pour assister à la renaissance de la nature, à ma propre renaissance. ça ne se partage pas.
M'assoir sur le banc, regarder le vert magique des champs d'herbe composer avec le bleu timide du ciel, l'eau brillante du canal. Sentir le sang qui circule, qui recommence à tourner rond. Je me vide de mes mauvais sangs. L'harmonie d'un bête parc au premier soleil de l'année. J'ai eu envie de pleurer tellement c'était beau, ou tellement j'étais mal et heureuse en même temps: les temps sombres sont terminés t'as survécu. pour un moment recroire en soi.
Petite j'apprenais le notre père comme une poésie, un chant sans mélodie. Je commence à saisir la mélodie en tenant ce cierge, en voyant les autres flammes des autres cierges, vacillantes mais présentes, comme moi, comme eux. Il n'y a pas de dieu il n'y a que ses fidèles, qui parlent par milliards à voix basse, qui sont là parce qu'ils y croient.Ils croient que ça existe et c'est phénomènalement fort. J'ai senti leur force et l'ai aspirée un peu.
J'ai vu la buée de ma respiration dans cette église froide et j'ai vu ce qu'il y avait à voir.