people call us renegate

L'opacité du ressenti.
cela faisait longtemps que je les avais pas laissées en liberté, dépourvues de tout muselière médicamenteuse. mes émotions, belles ou laides, les sentir au fond des boyaux et au creux de la gorge, les voir vivre et mourir sur mon visage, dans ma voix rompue. mais au moins sentir, libérer le fou en moi, lui donner la permission de pleurer. J'ai toujours ce serrement au coeur, physiquement. et ce matin j'ai vu la dame blanche en haut de mes escaliers ses bras tordus tendus vers moi, une lumière dans ses paumes j'étais terrorisée.
nous faisions la fête le jour interdit. Lundi soir a soufflé sur nos bougies, le salon rempli de leurs fumées et de leurs rires, je riais pas imitation par joie parce qu'ils me manquaient, parce que j'avais de leur poudre au bord des dents, ils sont du sucre glace dans un truc trop amer, ils m'ont demandé si j'étais danseuse j'ai répondu que je n'étais ni ça ni rien. nous n'avons pas parlé de choses importantes, cela aurait été grossier. mais je ne sais pas à qui donner mes secrets,  ces boules de pierre, ni dans quelle direction les lancer, je pensais à ça dans la mi ombre de mon salon où ces personnes, équivalentes aux doigts de ma main me protègaient pendant la nuit des émotions.